Avril 2025
Quitter le Kundalini, faire du yoga et retrouver de la joie ensemble <3
Il y a plusieurs mois, j’ai partagé ici ma prise de distance avec le yoga kundalini. Je me suis détachée du nom, mais aussi des enseignements. J’ai choisi de délaisser les artifices, les mensonges, les appropriations religieuses et culturelles, pour aligner ma pratique à mes valeurs.
Entre la théorie et la pratique, il y a un monde.
J’ai consacré plus d’un an à me former à ce yoga. J’ai étudié, j’ai appris les postures, les enchaînements, les mantras, les méditations, l’histoire, etc.
Ce qui me pose problème dans ce yoga se divise en plusieurs branches.
D’un côté, il y a les scandales qui ont entouré le fondateur de cette pratique, mais aussi toutes celles et ceux qui l’ont soutenu en perpétuant des méthodes problématiques. On en trouve un bon résumé dans la série documentaire Breath of Fire.
De l’autre, le yoga Kundalini est issu d’une hybridation entre la philosophie du yoga et le sikhisme. Si cela ne m’a pas posé de problème dans ma pratique personnelle — notamment parce que je me suis formée auprès de formateur·rices qui ne nous cachaient pas ces origines — il m’apparaît aujourd’hui très compliqué de transmettre, en tant qu’enseignante, des pensées ou des mantras issus d’une religion que je ne maîtrise pas, et qui, en plus, n’appartient pas à ma culture.
C’est là que ça devient épineux pour moi, car les mantras chantés en méditation ou accompagnant certaines postures sont un pilier central du yoga Kundalini. En pratique, ils m’ont beaucoup aidée : à canaliser mon mental, à me recentrer. Et encore aujourd’hui, dans des moments de grand stress, j’ai parfois le réflexe d’en réciter certains, parce qu’ils me font du bien.
Même si j’ai toujours été très claire sur l’origine de ces mantras — en cours comme ailleurs — je crois sincèrement que ces textes méritent d’être récités par celles et ceux à qui ils appartiennent, les Sikhs.
Enfin, je dois avouer que l’enveloppe new age qui plane depuis le début sur ce yoga (et d’autres d’ailleurs) me dérange profondément. Sortir chaque pratique ou croyance de son contexte pour créer un monstre à plusieurs têtes… Je crois à la magie, je crois aux prières, mais je ne crois pas à l’illusionnisme capitaliste qui nous fait croire que nous avons besoin de tout cela pour aller mieux. Je ne crois pas aux figures de sages idéalisées que certain.es enseignant.es incarnent. Je sais que les monstres sont partout, et les doutes aussi.
Je crois surtout que notre société joue un rôle majeur dans le déboussolage de nos esprits. Je comprends celles et ceux qui cherchent l’ailleurs, l’exotisme spirituel, les racines magiques… Penser son rapport au monde à travers la spiritualité est une démarche intime et politique — c’est d’ailleurs le cas de toutes les personnes en lien, de près ou de loin, avec une religion.
Ce qui me dérange, c’est la monétisation de cette spiritualité.
Renoncer à cette pratique telle qu’on me l’a enseignée est un choix que je maintiens, et dont je ne reviendrai pas. Néanmoins, c’est un travail de deuil encore en cours, un monde à réinventer — ou du moins, une nouvelle façon d’enseigner à imaginer.
J’ai repensé mes cours, j’ai mis de côté les mantras qui ne m’appartiennent pas, même s’ils m’ont apporté beaucoup de bien.
Aujourd’hui, j’aimerais penser cette transition à plusieurs, car je suis certaine de ne pas être la seule dans ce cas… et pourtant, je me sens bien seule dans mes réflexions.
Je voudrais retrouver la joie d’enseigner.
La joie de partager des moments en groupe.
La joie d’en parler.
La joie du collectif, qui, à travers une pratique, unit sa volonté d’un mieux-être.
La joie de reconnaître que l’on peut se rassembler pour unir nos convictions, pour ce monde.
Pratiquer pour soi et pour les autres, en conscience que le bien-être repose davantage sur les conditions de notre vie intime et collective — et non sur une respiration du feu (même si, ça fait du bien et que du feu, on en a besoin… pour brûler tout ce qu’on ne veut plus <3).
Alors, si cela te parle et que tu as envie de réfléchir à tout ça avec moi, je pense organiser une petite visio pour penser ensemble la transformation de nos cours et de nos pratiques.
Écris-moi si tu souhaites participer à cette réunion informelle.
Tout le monde est bienvenu : débutant·es, enseignant·es, curieux·ses… ♥